du 03/03 au 10/04/2010
Depuis plus de trente ans André Lambotte donne à voir un travail sur papier dans lequel il aligne de petits éléments graphiques, de gauche à droite et de haut en bas comme s’il s’agissait de remplir une page en écrivant. Mais d’écriture il n’y a pas vraiment. Il s’agirait plutôt, par l’accumulation de ces brefs tracés, d’activer visuellement la surface : une procédure en passages successifs – parfois plus de quinze – au cours desquels les traits sont juxtaposés en hachures qui elles-mêmes se superposent et s’entrecroisent pour former un enchevêtrement all over qui anime la surface sans jamais la recouvrir complètement.
Dpuis quelques temps, l’essentiel de ce travail est réalisé aux crayons, dont les couleurs, parfois assez vives, constituent un réseau de hachures si serrées qu’elles finissent par interférer et produire des champs colorés, à la fois vibrants et tout en nuances. In fine, la structure est stabilisée par deux dernières interventions à l’encre : une sorte de dripping puis une dernière oblitération au pinceau de lettreur.
Ces dessins suscitent un sentiment de plénitude intense qui est sans doute lié à l’équilibre subtil qu’ils réalisent entre des éléments apparement contradictoires : la simplicité presque minimaliste de l’auto-affirmation de la surface (il a éliminé le sujet, la figure, l’expression…) et l’extraordinaire richesse, la finesse et la densité des effets mis en oeuvre. Il y a une complexité paradoxale dans ces images où l’accumulation de petits traits produit des surfaces colorées, où le dessin renvoie à la structure de l’écriture et à des enjeux qui sont ceux de la peinture, où une procédure contraignante et inscrite dans la durée laisse place à l’improvisation et aboutit à une composition unifiée. On pourrait également y ajouter l’opposition entre la gestualité dynamique de l’écriture et l’équilibre stabilisé du résultat; le contraste entre le caractère infime des interventions graphiques et l’ampleur du déploiement au niveau du dessin, des séries voire de l’oeuvre dans son ensemble.
Maxime Longrée
Photos du vernissage