du 02/03 au 09/04/2011
Les œuvres de Luc Étienne ont l’apparence de la simplicité. Ce sont des architectures qui rappellent de manière épurée la géométrie que sont devenus les paysages urbains depuis plus d’un siècle. Carrés et rectangles associés, imbriqués, reliés attestent de présences à la fois imposantes et aériennes. Leur pureté est à l’opposé du tohu-bohu des grandes cités modernes.
Rien de massif en ces constructions qui n’ont plus de rigide que la linéarité de leurs formes. Leur coloration se cantonne dans des gammes restreintes. Leurs masses empruntent leur impact visuel à des nuances liées à l’utilisation du bois comme texture ou support de gravure. Sa veinulation, la teinte liée à différentes essences ligneuses insufflent aux surfaces la suggestion d’une palpitation vitale interne.
Les œuvres de Luc Étienne ont la réalité de leur complexité. Dès que le regard s’est laissé charmer, il dépasse l’image originelle. La richesse interne des détails, des tonalités l’amène à passer de la composition à l’intention. L‘émotion esthétique ne surgit pas dès l’abord. Elle naîtra de la perception d’un dessein plus spirituel.
Cette géométrie offre des surfaces où poser la vue, où la laisser prendre la mesure du visible et y approfondir le dehors afin de pénétrer le dedans, où entremêler le temps à l’espace pour arpenter un silence composé de murmures visibles, de cheminements perceptibles, de relations subtiles.Tout un travail précieux qui invite à un questionnement intérieur, qui mène là où l’écrasement devient densité, où l’entassement devient élan.
L’évident s’avère dès lors équivoque. Les blancs du papier marouflé ne sont plus immaculés ; les noirs se parent de gradations. Les figures glissent pour se démultiplier. Le carré se dédouble, s’accouple, se dissocie, s’enfante autrement, se fond en soi ou en son fac-similé. Ce qui se dévoile se cache. Ce qui est opaque vire au translucide, voire au transparent. Ce qui s’affirmait claustration, enfermement s’entrouvre, débouche sur un ailleurs souvent hors du tableau, bascule vers une ouverture qui supposerait l’infini.
Michel Voiturier
Photos du vernissage