du 27/04 au 28/05/2011

Dessinateur, graveur et peintre, le Namurois d’origine Dominique RAPPEZ  construit des tableaux selon un langage qui puise ses ressources dans les puissances de la nature. C’est en effet au départ de phénomènes physiques tels les « fractales » et autres manifestations naturelles que vont se dessiner des formes et entrelacs qui progressivement vont devenir des tableaux. Le grand et inépuisable réservoir de figures en mutation qu’est le Vivant dans son ensemble devient source de sens. Il s’agira de l’interroger, de le comprendre, d’élaborer. Le point, la ligne, le geste et les moyens principaux du dessin vont ainsi en cerner, voire en écrire forces et rythmes. La peinture aussi, et plus précisément l’huile, ce matériau si proche du vivant en ponctuera les effets, la substance. Résultat : des architectures organiques, vivantes de rythmes et  de signes, mouvantes dans le lacis et le volume. Tableaux sensibles, allant du petit format « de poche » au tableau blason , tous conçus comme des organismes en mutation constante, qui respirent des instants rares, explicitement consacrés au jeu intense des conversations du regard et de l’âme.

Depuis 1993, les tableaux de Dominique Rappez prennent leurs sources dans un dialogue permanent avec la nature. Cependant, les images qui en résultent peuvent sembler peu compatibles avec le sujet traité, tant le résultat semble éloigné du paysage. À première vue.
Il est vrai que le monde bucolique auquel on pourrait s’attendre dans un tel domaine est ici évacué. Exit donc les représentations convenues d’une nature paisible où les verts pâturages et les sombres forêts se déclinent sur la toile, selon des humeurs picturales plus ou moins inspirées.
Ici, tout se décide en aval.
C’est par des méthodes cartésiennes, voires scolastiques, que s’échafaude ce qui va devenir un tableau. A l’instar des  bâtisseurs de cathédrales, Rappez élève son ouvrage selon des plans précis où s’évalue (se dispute, pourrait-on dire, si on évoque le langage médiéval…) la densité de ce qui sera plus tard un galet, une tête ou tout autre chose. Nous sommes au stade des cellules souches, de l’ébauche.
Le temps du tableau peut commencer.
Les schémas, structures et autres stratégies du début sont reportés, par décalque ou tout autre procédé, sur le support définitif, qui souvent, est de l’aluminium. Le peintre agit, mais rien n’est élu. L’homme de l’art (et Dominique a du métier) saura se garder des pièges d’une « peinture de philosophe », car si son attention est flottante, en écoute, il sait qu’elle ne le laissera pas s’enfermer dans des déserts où le sensible est absent.  Ce qui se passe ici est solide. Le soc du propos en fut éprouvé par le doute. La base est ferme, et tout va se mettre en marche vers une peinture organique où le « soi » du peintre dialogue avec chaque forme. Rien ne fait ombre. Traces de l’aube des mondes, jeux de formes sans point d’appui (à la manière des peintres chinois), offertes au voyage, à l’errance puis à l’encrage, où le jeu du vide et du plein donne du sens, mais quel sens ? Ils sont multiples. J’y vois un mot, une phrase. Elle nous informe que quelqu’un est passé, qu’une trace est laissée, donnée.
Elle s’en ira, sans doute un jour, et avec elle s’estompera la certitude de son passage. C’est pourquoi il convient d’aller voir Dominique Rappez, pendant qu’il est encore temps.

http://www.dominiquerappez.be/

Photos du vernissage