du 21/05 au 21/06/2014
Imaginons une feuille vierge, et contre elle, un papier carbone, toute une page, une réserve, un potentiel graphique, un fond de matière promise en somme.
Anne Marie Finné opère le transfert selon une multitude de biffures décidées, fines et délicates, par séquence.
Souvent elle relève le papier carbone pour voir l’image poindre et le repose, le déplaçant, poursuivant à l’aveugle son dessin, entretenant la rémanence des traces précédemment perçues.
En patiente stratification sensible, sur la feuille de papier, les premiers roses diaphanes gagnent une densité nouvelle, l’opacité de rouges profonds. Ainsi, en va-t-il aussi des noirs.
Sous les gestes appuyés d’Anne Marie Finné, progressivement le blanc de la feuille se couvre ; à rebours le papier carbone s’évide.
Suite d’empreintes miniatures laissées dans la matière, ce qu’Anne Marie Finné soustrait au papier avec assiduité est déposé sur un autre, sans chute. L’artiste travaille avec une matière « historique », ancienne, pauvre et rare à la fois. Et ce serait comme un leitmotiv paradoxal : « vider le carbone », l’épuiser, pour n’en rien perdre. Au point d’en observer les restes et d’y déceler l’ombre en creux d’un buisson, d’un fouillis, d’un jardin ou d’un nuage.
Et revenir sur ces retraits que des lumières volatiles percent afin de poursuivre leurs évocations, et les épingler au mur.
Manières noires et rouges, points lumineux, ombres de peau charbonneuse, Anne Marie Finné entraine le spectateur dans son sillage et lui donne à voir un dessin, tout en même temps, matérialité et espace, sous les apparences de tracés exhalés.
Elisabeth Amblard – © février 2014
Vidéo de l’artiste
Photos du vernissage