du 12/06 au 27/06/2013
Élodie Goudinakis, Alexandru Fonea, Lulian Fonea
Que parfois la nature, à notre réveil, nous propose
Ce à quoi justement nous étions disposés.
Francis Ponge
Des moments, des fragments, des détails, des instants.
Entraperçus, fugitifs.
Comme lorsque la fenêtre du train découpe impérativement dans le paysage, une porte de garage, un toit, une vieille cheminée. Comme lorsque notre œil balaie sans se fixer. Sans rien retenir. Apparemment. Une silhouette, un profil, une tache bleue ici, une ombre rouge là-bas, la lumière au pied d’un escalier, le reflet dans un rétroviseur, la découpe d’un toit, le bras d’un fauteuil.
Une forme, une couleur ou plutôt une combinaison, une suite de formes, une association de couleurs. Ces petits riens du regard. Ces instants de la vie. Ils font sens. Fût-ce seulement par leurs dispositions. Comment les piéger ? Comment les saisir ? Comment les « vivre » ? Un index qui appuie sur un bouton ? Une image qui se forme. Magie de la machine. Une image qui parle à l’œil. Seulement à l’œil.
L’entreprise engagée par Elodie, Alexandru et Iulian, consiste à aller au-delà de la seule saisie de l’œil. Par la main, le pinceau ou le fusain, c’est tout le corps qui se réapproprie l’instant. Ici, la touche reste présente, visible, palpable même. Tout le corps qui s’investit.
élodie, Alexandru et Iulian ré-explorent chacun tout le champ qui sépare la photo, l’image numérique, du dessin ou de la peinture. On raconte que Flaubert mettaient ses textes à l’épreuve de son « gueuloir » : prononcés à haute voix, ses mots étaient alors ressentis par tout son corps. Ici, ces trois jeunes peintres, retrouvent la joie, souvent aujourd’hui oubliée, de voir naître l’image par leurs propres gestes.
Ici, la peinture n’est pas seulement choix ou décision, c’est un « acte » qui engage tout l’être.
Philippe Delaite
Photos du vernissage