du 16/05 au 16/06/2018
Les accidents, les imprévus, les rencontres fortuites sont souvent — pas toujours — source de ravissement. Ainsi Christian Carez : photographe émérite, ancien professeur et éternellement libre zig-zagueur, aimant croiser le réel et la métaphore, l’autobiographique et l’imaginaire, mêler projets lourds de sens et fantaisie légère…Et d’autre part une simple plante, jusque-là ignorée et même négligée de lui, signalant un jour à son attention, par un trait de lumière, le mince filet qui sépare la vie de la mort, l’art de la nature, l’animé de l’inerte, les pauvres intentions des hommes de ce qui inlassablement les dépasse. Ce calathea, étrange et tardif miroir…
Le photographier, il le sait, ne suffira pas: il faudra y revenir, encore et encore. Non pas l’épuiser — la plante et le photographe ont d’emblée, on le sent, destin fragilement et intimement lié — mais l’apprendre, le comprendre, le malmener ou l’apprivoiser; bref, le regarder.
Il n’y a là rien à prouver, tout à redécouvrir: beauté, ténacité, simplicité. Sans chercher à vieillir le photographe, on voit là Carez, s’appliquant à un exercice qui lui est peu coutumier, rejoindre la modestie et l’entêtement émerveillé d’un Kertesz, chroniquant dans ses vieilles années les saisons sur le rebord de sa fenêtre, ou d’un Steichen, cadrant obstinément le même arbre au fond de son jardin.. d’indicibles fractions de seconde tentent de rassembler tous leurs dialogues muets, quasi végétatifs.
Autoportrait en fané renaissant? Méditation poétique et réflexion surannée sur le devenir des formes? Pied-de-nez ironique au memento mori, nature morte tourmentée ou inquiète jubilation?…
L’invitation insolite, en tout cas, d’un observateur attentif, d’un esprit à l’affut, d’un discret sensible — d’un obstiné de la vie.
Emmanuel d’Autreppe
Vidéo de l’artiste
Photos du vernissage