du 28/11 au 29/12/2018
J’ai tué ton ours
Willy Petit Pain déploie un nouvel aspect de son univers plastique en travaillant à partir d’archives photographiques des « gueule cassée » juvéniles de la Grande Guerre. C’est presque le plaisir de la recherche lui-même qui initie chaque projet du plasticien. S’instaure un jeu de métaphores dans l’espace, énonçant chaque production plastique comme une espace charnière entre rêve et désillusion, amusement et horreur. Des lapins à couteaux ou masques à gaz se propagent telle une ritournelle vengeresse, de charmantes petites bombes s’articulent en mobile pour berceau, des pois de couleurs pastels établissent une tension entre le ballon festif et l’oblitération tragique. J’ai tué ton ours. Face au traitement des images qui tend à distancer le réel de soi, le travail de Willy met en abîme notre regard aseptisé qui évacue la cruauté du monde.
Revendiquant un goût pour la lenteur, l’artiste expérimente des processus classiques d’apparition. Portraits sur gravure sur bois ou au dessin transpirent une présence derrière le trait vibrant. Les épreuves photographiques obtenues par sténopé et pigments sont utilisées comme motifs permettant de multiplier les récits, leurs niveaux de lecture et les sujets traités.
Le plasticien interroge les représentations qui façonnent les chimères amères du réel.
Ouvrant l’exposition par une performance musicale, l’artiste associe la musique modulaire et un chant grégorien sur les abîmes de la nuit, disséminant une atmosphère contemplative dans le lieu.
Anna Ozanne
Vidéo de l’artiste
Photos du vernissage