du 19/02 au 22/03/2020 (interrompue pour cause de Covid-19) et reprise du 9 au samedi 20 juin
Ana-Belén Montero – Luc Navet Pauline Tonglet
Pierre, papier, ciseaux…
Mais aussi : terre, eau, feu, bois, air, espace, éléments complémentaires, aucun ne dominant l’autre, ode à la fragile permanence d’un équilibre naturel dont il faut prendre soin.
Chaque un, chaque une, adapte le matériau à sa pratique, malaxe, palpe, sculpte, cisèle, cuit, cale, coule, colle …
Ces trois là jouent le jeu : Pierre, papier, ciseaux…
Ana-Belén Montero
Née à Madrid (Espagne). Diplômée de l’Académie des beaux-arts de Namur, implantation de Huy (BE), spécialité céramique, en 2011 après un parcours à la Faculté des beaux-arts de Salamanque (Espagne) puis à l’Académie des beaux-arts de Liège (BE), section sculpture. Nombreuses expositions personnelles et collectives en Europe et aux USA. Organisatrice et commissaire d’expositions d’art contemporain en collaboration avec des galeries et centres culturels en Belgique et en France. Professeur de céramique à l’Académie de Marche-en-Famenne jusqu’en 2017. Organisation et animation de projets d’art à l’école depuis 2007. Coordination et direction artistique de Ceramic Art Andenne (BE) depuis 2017. Co-fondatrice du collectif Ars Motion dont les créations décloisonnent les arts plastiques en mélangeant des objets réels et virtuels qui questionnent notre perception de la réalité (www.arsmotion.net).
Site de l’artiste : www.anabelen.be
Luc Navet
C’est en observant une girouette sur le toit d’une maison que l’idée m’est venue de créer une sculpture mobile pouvant évoquer la direction et la force des vents. L’objet, à l’origine, s’inscrit dans une tradition populaire et c’est ce caractère qui m’intéresse. Relier la tradition avec l’art actuel constitue pour moi une source de créativité. J’ai choisi le bois pour la réaliser c’était un essai, une première tentative. En tant qu’artiste, il est évident qu’actuellement, imprégné par l’état dans lequel se trouve le monde, je ressens la nécessité de répondre par une proposition plastique ou esthétique. Les mots gravés dans le bois sont issus du tumulte de courants de pensées qui s’opposent. J’ai également décliné une version en bronze pour les propriétés que recouvre la fonte du métal, mais également plus propice à résister dans le temps.
Aujourd’hui, l’objet que je travaille est l’escalier, il recouvre un caractère symbolique qui est de l’ordre de l’ascension. Les sculptures que je réalise se structurent, telles des architectures. Elles interrogent le principe de la hiérarchie, de la compétition, elles contiennent un caractère critique de la pensée dominante qui voue à la hiérarchie un caractère de respectabilité. Depuis le début, Je réalise mes sculptures en cherchant une poétique à travers le bois, la pierre et la terre glaise. Avec le temps, cette poétique s’est incarnée dans un paradigme du vivre ensemble. En temps qu’humain, il est naturel de s’inscrire dans la relation à l’autre.
Actuellement j’ai une sculpture qui évoque la problématique des migrants qui fuient un pays en guerre ou pour des raisons économiques, réalisée en collaboration avec le poète Pierre Hemptinne. En 2020, on peut espérer une évolution positive de la question migratoire qui suscite un rejet de l’étranger pour une partie de la population, mais rien n’est moins sûr.
Pauline Tonglet
Dans l’une de ses plus récentes séries, Pauline Tonglet fait usage de points en zigzag dont elle laisse l’excédent de fils dépasser, comme pour souligner davantage le procédé de construction de l’image. Les papiers et photographies chinés
rappellent par leur graphisme et leurs couleurs éclatantes l’époque radieuse qui suivit la Seconde Guerre mondiale, avec son lot d’innovations importées des États-Unis, ce que semble confirmer l’apparition de poste de télévision, de voitures et de paysages pittoresques dans plusieurs compositions. D’autres thèmes relatifs à la consommation et à l’esthétique publicitaire nous renvoient davantage au rôle social de la femme, gardienne de la maison ou au contraire à son émancipation, comme le laissent présager les nombreuses stars à paillettes.
Qu’il s’agisse de matière première ou recyclée, le papier a la particularité de conserver dans ses fibres quelque chose d’organique et c’est sans doute ce qui le rend aussi attrayant aux yeux des artistes qui, des cubistes aux surréalistes en passant par dada, ont exercé l’art du collage comme l’expression même de la vie, à la fois intime et publique.
Dans le travail de Pauline Tonglet, le collage revêt une dimension personnelle très sensible, proche du biographique. Le montage devient un acte de détournement, une manière de faire voir autrement. C’est dans la subtilité de ces agencements et dans leurs assemblages, laissés délibérément apparents à l’attention du spectateur, que résident l’intérêt et la cohérence de la démarche de l’artiste.
Le flou est autant un résultat du processus (l’impression sur de vieux papiers peut donner un aspect « poché ») que l’évocation, voire la quasi-matérialisation du flou qui recouvre les souvenirs avec le temps qui passe. Malgré la multiplication des images, des écrits et des captations de toutes sortes, le présent, dès qu’il n’est plus et sombre dans le passé, devient insaisissable dans sa totalité et irrécupérable.
S’installe alors une nostalgie pour ce qui n’est plus – nostalgie qui est dans ce cas-ci une construction puisqu’il s’agit du passé d’autrui, devenu collectif et non d’un passé individuel. On ne peut récupérer ce qui ne nous appartient pas. On ne peut regretter – en toute connaissance de cause – ce qu’on n’a pas vécu.
Septembre Tiberghien, crtique d’art
Visite virtuelle de l’exposition
Vidéos des artistes
Photos du vernissage